RWANDA 2004, dix ans après le génocide

Entre mémoire et espoir

1994. Un million de morts. Mémorial de Murambi,  quarante cinq mille morts en deux jours. Là-bas, face aux corps exposés, ma tête se vide, refuse d’accepter. ….

Je prends mon appareil et photographie les visages souriants des travailleurs qui refont les trottoirs du Mémorial…

En avril 2004, dix ans après le génocide, j’accompagne la tournée du spectacle, « RWANDA 94 » au Rwanda.

Rencontres furtives, regards croisés, mains serrées, sourires fragiles.

Je photographie ce que je vois: un peuple jeune, ouvert, fier de son pays et conscient de sa beauté. Un peuple en quête de recon­naissance, de vérité, d’avenir. Un peuple qui a peur…

Chaque personne croisée ici a vécu ce génocide, de près ou de loin, dans un camp ou dans l’autre. Je ne sais pas toujours qui je photo­graphie. Je photographie des rwandais, au Rwanda, dans un magnifique petit pays oublié du monde.

L’actualité nous prouve qu’ils ont raison d’avoir peur, que rien n’est gagné.

Véronique Vercheval, avril 2004

Émotion et recueillement autour du spectacle du Groupov

Entre curiosité, fascination et recueillement, plusieurs milliers de Rwandais sont venus voir le spectacle du Groupov, la compagnie liégeoise, qui relate le martyre qu’ils ont vécu entre avril et juin 1994 et dont la tournée s’est achevée lundi. A Kigali, c’est le témoignage de Yolande Mukagasana, entrecoupé de larmes, en ouverture de Rwanda 94, qui a le plus ému le public composé principalement de rescapés. Plusieurs personnes, des femmes surtout, des enfants aussi, ont dû être évacués par la Croix-Rouge locale. Le préau de cette école d’un quartier chic de Kigali, efficacement transformé en salle de spectacle, accueille plus de 500 personnes, plusieurs dizaines ayant été refusées à l’entrée, faute de place. Atmosphère tour à tour douloureuse, tendue, révoltée ou même amusée.[…] Mais la représentation la plus attendue et la plus difficile pour la troupe est la « Cantate de Bisesero », scandée en plein air sur une colline de cette région boisée de l’ouest du pays où plus de 50.000 personnes ont été massacrées après des semaines de résistance. Des femmes, au premier rang, pleurent en silence, se couvrant de leur foulard à chaque phrase relatant les tortures infligées à leurs proches.

Pauline Simonet In Le Soir, 21/04/2004